I » Minuit ! ma mère dort : je me suis relevée : Je craignais de laisser ma lettre inachevée ; J’ai voulu me hâter, car peut-être ma main Ne sera-t-elle plus assez forte demain ! Tu connais mon malheur ; je t’ai dit que mon père A voulu me…
I » Minuit ! ma mère dort : je me suis relevée : Je craignais de laisser ma lettre inachevée ; J’ai voulu me hâter, car peut-être ma main Ne sera-t-elle plus assez forte demain ! Tu connais mon malheur ; je t’ai dit que mon père A voulu me…
Pourtant, si tu m’aimais ! si cette raillerie Avait jeté racine et germé sourdement ; Si, moi qui me jouais, si tu m’avais, Marie, De la bouche et du cœur appelé ton amant ! Si je t’avais trompée, et si j’avais su rendre Si puissant et si doux mon sourire…
Dans des vers immortels que vous savez sans doute, Dante acceptant d’un prince et le toit et l’appui, Des chagrins de l’exil abreuvé goutte à goutte, Nous a montré son coeur tout plein d’un sombre ennui ; Et combien est amer, pour celui qui le goûte, Le pain de l’étranger,…
Lorsqu’autrefois, au seuil des saintes basiliques, Des rois, couverts d’un sac, et baisant des reliques. Les reins ceints d’une corde, et les pieds tout meurtris, Venaient s’agenouiller repentants et contrits ; En expiation de quelques grands scandales Humiliaient leur front dans la poudre des dalles. Et dans le sanctuaire où Dieu…
La mort vient dégager de la vile matière Notre esprit, souffle de la pur divinité, Et l’ombre des tombeaux nous cache une lumière Dont nos yeux ne pourraient soutenir la clarté. La mort vient délivrer notre âme prisonnière Et lui faire connaître enfin la liberté, Nous mourons, c’est la vie…
I Que ces vallons déserts, que ces vastes prairies Où j’allais promener mes tristes rêveries, Que ces rivages frais, que ces bois, que ces champs, Que tout prenne une voix et retrouve des chants Et porte jusqu’au sein de Ta Toute Puissance Un hymne de bonheur et de reconnaissance !…
Qui peut empêcher l’hirondelle, Quand vient la saison des frimas, D’aller chercher à tire d’aile D’autres cieux et d’autres climats ? Qui peut, lorsque l’heure est venue, Empêcher au sein de la nue — Le jour éteint de s’arrêter Sur les derniers monts qu’il colore ? L’amant d’aimer, la fleur…
La Porte-Saint-Martin va donner des Mystères Où Paris tout entier se hâte d’accourir. Tout manque, les balcons, les loges, les parterres ; J’ai pourtant une place et je vais vous l’offrir. Ce théâtre où jadis je vous ai rencontrée Me rappelle un passé bien cruel et bien doux. C’était un…
Et toi qui viens à nous, jeune vierge voilée, Dis-nous, dois-tu passer joyeuse ou désolée ? Apprends-nous les secrets enfermés dans ta main : Quels dons apportes-tu dans les plis de ta robe, Vierge ; et qui nous dira le mot que nous dérobe, Le grand mystère de demain ?Dois-tu, comme la bien-aimée Au…
Oh ! qui me donnera d’aller dans vos prairies, Promener chaque jour mes tristes rêveries, Rivages fortunés où parmi les roseaux L’Yonne tortueuse égare au loin ses eaux ! Oui, je veux vous revoir, poétiques ombrages, Bords heureux, à jamais ignorés des orages, Peupliers si connus, et vous, restes touchants,…
Sonnet. Mon âme a son secret, ma vie a son mystère, Un amour éternel en un moment conçu : Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire, Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su. Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu, Toujours à ses côtés,…
J’ai souvent comparé la villégiature Aux phases d’un voyage entrepris en commun Avec des étrangers de diverse nature Dont on n’a de ses jours vu ni connu pas un. Au début de la route, en montant en voiture, On s’observe : – l’un l’autre on se trouve importun ; L’entretien…
Amis, accueillez-moi, j’arrive dans la vie. Dépensons l’existence au gré de notre envie : Vivre, c’est être libre, et pouvoir à loisir Abandonner son âme à l’attrait du plaisir ; C’est chanter, s’enivrer des cieux, des bois, de l’onde, Ou, parmi les tilleuls, suivre une vierge blonde ! — C’est…
Quand j’entrai dans la vie, au sortir de l’enfance, A cet âge innocent où l’homme sans défense, Inquiet, sans appui, cherche un guide indulgent, Et, demandant au ciel un ami qui l’entende. Sent qu’il a si besoin d’une main qu’on lui tende Et d’un regard encourageant ; Toi seule, armant…
I Les prêtres avaient dit : » En ce temps-là, mes frères, On a vu s’élever des docteurs téméraires, Des dogmes de la foi censeurs audacieux : Au fond du Saint des saints l’Arche s’est refermée, Et le puits de l’abîme a vomi la fumée Qui devait obscurcir la lumière…